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Comment les femmes se font une place à la tête des PME

13,2 % des PME sont dirigées par des femmes, mais elles affichent une meilleure courbe de croissance selon une étude réalisée par Women Equity. Elles commencent à se doter de leurs propres réseaux d’affaires.

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KPMG et Women Equity ont analysé les statistiques sur la place des femmes chefs d’entreprise.

Par Julie Chauveau

Publié le 15 déc. 2014 à 17:26

Le business, et plus particulièrement le monde des PME, serait-il plus macho que la société civile ? Après trente ans de débats sur l’égalité hommes-femmes, les chiffres sont impressionnants. Alors que les femmes représentent 48 % de la population active et 30 % des dirigeants d’entreprises de toute taille, y compris les autoentrepreneurs et les TPE, elles ne sont plus que… 13,2 % à peine des patrons de PME de plus de 10 salariés ! En clair, lorsqu’une femme crée une entreprise elle se construit d’abord son propre emploi, mais lorsqu’il s’agit de l’aider à grandir, de lui transmettre une entreprise ou de financer une acquisition, les choses sont plus difficiles. Dans les incubateurs et les pépinières d’entreprises le taux de femmes accompagnées s’élève à 10 % à peine ! Une étude intitulée « Femmes dirigeantes en France 2003-2013 », que s’apprête à publier KPMG, montre une progression très régulière, mais lente de la féminisation des fonctions dirigeantes quelle que soit la taille des entreprises (voir ci- contre). A noter : une sous-représentation dans les ETI. Contrairement aux idées reçues, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Limousin présentent un score de plus de 15 % de dirigeantes, très supérieur à la moyenne, la cible de l’étude portant sur les entreprises de plus de 20 salariés ayant déclaré leurs comptes aux greffes.Au-delà des simples calculs de parité, une autre analyse réalisée par la société de conseil Women Equity for Growth, avec le soutien de BNP Paribas, montre pourtant que la gestion féminine surperforme. Etabli en partenariat avec l’Ensae à partir de données publiques, le palmarès passe au crible 40.000 PME réalisant un chiffre d’affaires compris entre 4 et 100 millions d’euros. Le spectre est large mais éloquent : sur un total de 28.733 sociétés documentées avec trois bilans seulement… 3.454 sont dirigées par des femmes (PDG, DG ou gérantes). Et plus la taille d’entreprise grandit, moins sont nombreuses les présidentes. « Une corrélation négative à mettre en relation avec la problématique de l’accès au financement en capitaux propres », explique Women Equity.

L’industrie, premier secteur d’excellence

En se penchant plus particulièrement sur les entreprises en croissance, Women Equity montre que les entreprises dirigées par des femmes sont plus nombreuses à croître et ce, de façon récurrente, depuis cinq ans. « Elles tendent à limiter significativement la contraction de l’activité subie par les plus petites entreprises de l’index et disposent de meilleures pentes de croissance sur trois ans sur l’ensemble des familles d’entreprises », ajoute l’étude. Sur 2013, les entreprises dirigées par des femmes ont vu leur bénéfice baisser de 1,2 %, celles des hommes de 2,1 % pour les PME qui réalisent de 5 à 10 millions. Sur la tranche de 10 à 20 millions, lorsqu’on examine les performances sur trois ans, les hommes enregistrent une hausse de revenu de 1,5 % et les femmes de… 2,7 %. Plus surprenant, avec 26 % des entreprises classées, l’industrie est le premier secteur d’excellence des PME dirigées par des femmes.Pourtant, seulement de 3 à 4 % des opérations financières réalisées le sont avec des dirigeantes ! « L’industrie est dans une logique de reproduction du modèle de succès. Les intermédiaires qui organisent les opérations de LBO ou les augmentations de capital sont des hommes qui fréquentent des hommes dans des réseaux essentiellement masculins », explique Dunya Bouhacene, présidente de Women Equity. L’organisation appelle chaque année les 300 premières femmes de son palmarès et constate bien souvent qu’elle est la première structure à prendre contact avec les entreprises. « Elles nous répondent en général qu’elles n’ont aucun problème avec leur banquier », ajoute l’experte. Problème : pour être identifiée par un capital-risqueur, il faut faire partie de réseaux. A Lyon, le Cercle de l’Union est toujours réservé aux hommes et compte 500 membres admis sur parrainage ! Les femmes ont le droit d’y venir déjeuner...Sur l’ensemble du territoire, si elles commencent à s’organiser au sein des grands groupes, les réseaux de femmes d’affaires restent inconnus.

Les pouvoirs publics se mobilisent

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En matière de parité les pouvoirs publics ont d’abord commencé par s’intéresser aux grandes entreprises. Un palmarès des instances et de l’encadrement des grandes entreprises a été créé. Des règles fixées en matière de gouvernance, des chiffres publiés sur les nominations de postes à de hautes responsabilités dans la fonction publique d’Etat (33 % de femmes nommées). Ils ont également institué des accords sur l’égalité professionnelle qui concernent aujourd’hui environ un tiers des entreprises de 50 à 300 salariés, selon un premier bilan publié par le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle. Mais favoriser l’entrepreneuriat est plus complexe. La loi du 4 août 2014 « sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes sur l’égalité professionnelle » inscrit dans les missions de la Banque publique d’investissement (BPI) le soutien aux femmes entrepreneures. Un plan Entreprendre au féminin, lancé en 2013, a fixé trois priorités : la sensibilisation, l’information des créatrices d’entreprise, l’accès facilité aux financements. Et l’un des axes de ce plan était le renforcement du Fonds de garantie à l’initiative des femmes (FGIF). Au 30 septembre, celui-ci avait distribué 1.357 garanties (1.172 à la même époque en 2013). Il a été doté d’une enveloppe de 4,8 millions d’euros en 2014 pour aider les femmes à créer leur entreprise. « Nous voyons le nombre de femmes sollicitant les fonds progresser de 10 à 15 % par an depuis 2012. C’est important car les experts soulignent régulièrement que beaucoup de femmes attendent trop et considèrent trop longtemps que leurs dossiers ne sont pas complètement bouclés avant de se lancer », martèle Pascale Boistard, secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes. Pour 2015, la piste de travail du ministère est celui de la reprise des entreprises. « Un grand nombre de chefs d’entreprise vont passer la main dans les années à venir. Je suis alertée par les élus de terrain sur cette question et la nécessité de permettre aux femmes de jouer un rôle dans ces opérations. Il faut travailler avec les CCI, les banques, la BPI pour créer les conditions leur permettant de s’engager », rappelle la secrétaire d’Etat.

Partenariat avec les banques

Les réseaux bancaires privés sont également mobilisés dans le cadre d’un partenariat avec l’Etat. Il a été signé par BNP Paribas et les Caisses d’Epargne. « Lorsque nous avons commencé en interne à mobiliser les chargés d’affaires sur la nécessité de porter un regard attentif à la place des femmes chefs d’entreprise, nous avons eu beaucoup d’interrogations. Depuis, ce n’est plus le cas et les retours sont extrêmement positifs », raconte Marie-Claire Capobianco, membre du comité exécutif de BNP Paribas et directeur des réseaux France. « Il est interdit par la loi de différencier les dossiers de financement par sexe, mais nous ne pouvons continuer à avoir seulement 10 % des entreprises de plus de 10 salariés dirigées par des femmes alors qu’elles représentent plus de la moitié de la population », ajoute-t-elle avant de souligner la nécessité pour les femmes d’accepter de passer du temps dans la constitution d’un relationnel de réseau.La banque est également partenaire du Women Business Mentoring Initiative, qui aide les entreprises de plus de trois ans avec une équipe réseau de mentors bénévoles. Elle a également créé un « cercle des entrepreneures », qui a organisé en mars des ateliers de travail avec 130 femmes chefs d’entreprise pendant une journée.. Rendez-vous dans quelques années.

Les clubs d’affaires et réseaux de femmes Fédération pionnière. Anime un réseau d’une vingtaine d’incubateurs et pépinières. Femmes business angels. Créé en 2003. Les membres s’engagent à investir 20.000 euros sur deux ans. Organise des speed dating. WBMI. Women business mentoring initiative est aidé par BNP Paribas, GDF Suez et le Medef. Action’elles. Association qui soutient les femmes dans la création d’entreprise. 500 membres. Diversitelle. réseau et club associatif d’enterpreneures crée en 2008. 350 membres.Génération femmes d’influence. Association destinée à accompagner et représenter les dirigeantes de petites entreprises. Business and professionnal women. Réseau présent dans 100 pays et consultant aux Nations Unies.Enovatrices. Promeut les site Internet de femmes.

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